dimanche 26 avril 2009

You're moving fast but you're going nowhere


Que faire quand on a dépassé la quarantaine et que l'on est un chanteur britannique qui a toujours brillé par la finesse de sa plume, y gagnant au passage une image de chanteur intellectuel et pour intellectuels ?
Hé bien il ne reste plus qu'à sortir un album bourré de grosses guitares, il y'a quelques mois, on a eu le cas de Years Of Refusal de Morrissey, voilà que c'est au tour de Jarvis Cocker, après le premier album duquel on pensait qu'on ne l'entendrais jamais chanter sur une guitare plus saturée que celle de Disco 2000, Morrissey à la limite on peut comprendre, de toute façon un mec qui semble développer autant d'efforts pour qu'on le déteste sortira forcément des albums comme son dernier, mais Jarvis ...
Première surprise avec cet album donc, sur la pochette, il arbore une barbe, déjà relativement bien fournie, et quand on écoute, bah, c'est du rock pour barbus, à quelques lieues de son premier opus et de Girls Like It Too, qui devait figurer et donner son nom à ce deuxième album, qui s'appelle finalement Further Complications, un esprit totalement différent donc (ou pas ?)

Sur le titre éponyme qui ouvre l'album, Jarvis conclut sur un "do you follow me ?", on doit confesser quelques hésitations, après cette chanson, qui, si elle n'est pas désagréable, tranche franchement avec ce qu'on aurait pu attendre. Angela est du même ressort avec un inhabituel solo de guitare, et en entendant Pilchard, on commence à avoir envie de dire "mais putain, Jarvis, tu nous fais quoi comme conneries avec ton vieil instrumental là".
A croire qu'il nous entend, puisqu'on revient à du plus habituel avec Leftovers, même si on se fait à l'idée que l'on va devoir aimer la guitare, qui a relégué au second plan le piano omniprésent du premier album, mais toujours est-il qu'on retrouve le Jarvis qu'on aime le plus : qui propose à des filles dans des musées de rencontrer des dinosaures, jouant une fois de plus avec son image d'intellectuel; image qu'il va envoyer bouler avec I Never Said I Was Deep. Et ce avant de nous balancer un Homewrecker, sur lequel un doit attendre une bonne minute d'intro pleine de cuivres avant d'être certains que l'on écoute une chanson de Jarvis Cocker, suivi de Hold Still, qui fait chanson oubliée du premier album. Grosse guitare à nouveau avec Fucking Song, dont le "I will never get to touch you, so I wrote this song instead" introductif annonce plutôt bien la couleur, enfin, de toute façon, on commence à s'habituer à la guitare, et puis le pire est à venir avec Caucasian Blues, enfin, quand je dis le pire, c'est typiquement la chanson dont je suis incapable de dire si j'aime où je déteste, on dirait une tentative de reprise des Sex Pistols, et on a par moments l'impression d'entendre le chanteur des Hives, donc on ressort forcément avec un sentiment mitigé. On pense ensuite entendre Glory Days avec Slush, sauf que c'est quand même beaucoup moins bien, et puis la conclusion est laissée à You're In My Eyes (Discosong), enfin, disco veut dire que l'on entend effectivement en arrière plan des instrumentaux à consonance disco, mais avec Jarvis qui chante par dessus ça ne peut définitivement pas être aussi mauvais que du disco.

Voilà, je pense que je serais en mesure de vous dire si j'aime ou non cet album dans 2 ou 3 mois, en attendant, jetez quand même une oreille dessus, même si vous devez déjà réécouter respectivement pour la 41ème et 37ème fois les derniers Horrors et Patrick Wolf (ce qui est compréhensible, je vous l'accorde).

vendredi 17 avril 2009

I Was Born To Be ...


Lester Bangs déclarait que la nullité était le critère le plus authentique du rock'n'roll. A partir de là la question est donc de savoir ce qu'il aurait pu penser d'un album comme Born To Be A Motorcycle de Bunky.
Leur unique album à ce jour est sortie en 2005, à l'époque, notre principale préoccupation était de chercher un successeur aux Libertines, enfin, je dis notre, mais ma préoccupation de l'époque était plutôt de savoir quelque chose de ces Libertines, ma grande fierté, est que quand j'ai acheté le 2ème album, le groupe était encore vivant, enfin, par vivant, j'entends que Pete Doherty jouait avec les Babyshambles et que Carl Barât allait officialiser la séparation du groupe la plus définitive jusqu'à aujourd'hui 4 jours plus tard. Enfin, bref, toujours est-il qu'à cette époque, l'intégralité de la planète, à l'exception de ma pauvre pomme, en retard une fois de plus cherchait qui seraient les nouveaux Libertines. Parmi les plus sérieux, on pouvait trouver Bloc Party, les Rakes, les Kills, Kaiser Chiefs ... on parlait aussi des Subways, Kill The Young, des Others, des Paddingtons, de Louis XIV, de Hard-fi, de Art Brut, d'Editors des Dead 60's, de Maxïmo Park ou encore des Test Icicles, on ne parlait pas assez des Dogs, et on allait bientôt beaucoup parler des Arctic Monkeys.

Autant dire que perdu dans cette jungle, un album avec un nom loufoque, une pochette avec des dessins bizarres (pour ne pas dire moches) et des chansons qui parlent d'être aussi drôle que la Lune, d'avoir envie de pisser, ou encore une chanson de plus de 3 minutes pour réclamer un verre d'eau (!), avait bien peu de chance d'être considéré comme il le méritait.
Profondément débile, quand on veut parler rock, on dit primal, mais là on ne peut pas dire primal, leur guitariste a de la barbe, parfois des lunettes, et un début de calvitie, donc ça ne peut pas être primal, d'ailleurs, si on met de côté cette nullité chère à Lester Bangs, on ne pourra dire que du bout des lèvres que c'est du rock'n'roll, bien que Funny Like The Moon, et son refrain qui donne son nom à l'album mériterait d'être érigé au rang des hymnes rocks, juste à côté de Gloria, surtout quand un tel titre est suivi d'une des chansons les plus basiques jamais écrites : Gotta Pee et son refrain qui se base sur un seul accord répété le plus vite possible et pour seul texte un philosophique "1,2,3,4". En fait, cette chanson est un appel à une démocratisation extrême de la musique, puisqu'il suffit d'avoir des bras pour pouvoir jouer ce morceau (et encore on doit pouvoir se débrouiller sans, mais c'est un peu plus dur), avec ce morceau, c'est la disparition des types qui friment avec une guitare dans les soirées (souvent en jouant de la merde en plus), n'importe qui peut taper sur la caisse en braillant GOTTA PEE SO SO SO et en balançant son accord derrière.
Soyons fou, et allons encore plus loin, sur le morceau d'ouverture Baba, les saxophones en totale liberté, puisque basse et guitare ont cessé la surveillance, nous rappellent presque le saxophone de Andy Mackay sur le premier Roxy Music. le groupe est aussi capable d'ironiser sur ses contemporains, en revendiquant l'inutilité des textes avec une chanson dont les paroles se limitent à des "ah" et des "ouhh", interrompus seulement par 2 "Baby I Love You" au milieu de la chanson, qui en disent encore moins que le reste du 'texte'; donc la chanson renvoie chez leur mère tout ceux qui font de cette maxime l'essence même de leur texte, bon sauf les Ramones, de un parce qu'ils sont morts (leurs mères j'en sait rien, et à vrai dire, j'ai d'autres préoccupations dans la vie) de deux, c'est une reprise sur leur meilleur album et de trois, ils l'ont faite à cause de Phil Spector, qui est un bien plus gros psychopathe que la plupart des personnes que j'ai pu considérer comme telles (mais j'informe ces personnes que je ne retire pas ce que j'ai eu l'occasion de dire pour autant). Bunky nous font aussi des ballades, mais quand ils le font, c'est encore une fois avec des textes débiles et une flûte atroce sur le final. Et puis il y'a aussi Glass Of Water, là on atteint des sommets, des trompettes clownesques et un mec qui beugle "I WANT A GLASS OF WAaaATER" sur tous les tons, et des gens osent faire des chansons avec ça ! non mais vraiment ... après ça plus rien ne peut nous surprendre, et justement, plus rien ne nous surprend puisque l'album se termine tout gentiment.

Moralité, depuis 2005, j'ai rattrapé une bonne partie de mon retard, mais des albums comme Born To Be A Motorcycle, j'en ai pas rencontré des milles et des cents, donc plutôt qu'écouter ceux qui ont fait parler d'eux à l'époque en se contentant de reproduire des groupes dont le meilleur album est sorti en 1979, allez donc danser sur Funny Like The Moon.

mardi 7 avril 2009

It's Too Late For Peace And Love


Comme évoqué dans l'article précédent, je me suis mis à écouter de la musique plutôt indie et souvent rock sur le tard. Il y'eut de nombreuses années complètement chaotiques du point de vue musical auparavant, je commence comme tout le monde par écouter la même chose que mes parents, puis arrivé à l'âge où l'on décide de ne plus faire comme eux, et de choisir ce que l'on écoute, je me mettrais à écouter un peu tout ce qui marche, même pas volontairement, je me contente d'écouter la radio qui diffuse en direct les matchs de foot du FC Nantes ...
Mais l'époque n'est pas exactement à ça, à l'école, tout le monde écoute Skyrock, donc énervé d'entendre pour la 20ème fois une chanson qui m'insupporte, je finirais par tomber dedans pour 4 ans à écouter du rap, et quand je dis rap c'est un peu tout et n'importe quoi, le bon, le moins bon, le carrément indécent ... Enfin, toujours est-il que l'enchaînement de ces années à n'écouter que ça, peut être autant que la diffusion de plus en plus fréquente de titres R'n'B-gnognotte chiants, auront raison de mon goût (?) pour le rap. A partir de là, je vais enchaîner tous les styles au sein du rock en moins de 6mois-un an. Du "rock français à texte chiant" au "métal symphonique inconnu" en passant par le "rock sentimentalo-gnognotteux", avant que les Libertines m'écartent pour un temps de ces errances et qu'Animal Collective m'en éloigne définitivement.
Mais ici, c'est sur ma période rap que je veux m'étendre, ça m'a certes pris quelques années, mais je me suis remis à apprécier certaines de ces "errances" que j'avais reniées. Ça a commencé par Outkast et le Saïan Supa Crew, puis, encore plus récemment, j'en suis venu à regretter d'avoir vendu pour une bouchée de pain sur ebay une partie de ma collection de l'époque. J'ai donc ressorti mes vieilles, autant qu'invendables cassettes, et le pauvre baladeur qui va avec, et je me suis remis à écouter, et, peut être par pure nostalgie, peut être parce qu'une partie des enregistrements sont bons, à apprécier. Sauf qu'une des choses que l'on a oublié, depuis le temps qu'on a pas écouté de cassettes, c'est que quand le baladeur a consommé ses piles, le phrasé d'Eminem est ralenti au point de devenir complètement ridicule. Donc dans ces moments de dèche de batteries, je reviens en 2009, et j'écoute Mongrel.

Avec Mongrel, passé la première surprise d'entendre un album dans sa généralité Hip Hop, étonnant étant donnée la composition du groupe, on se rend vite compte qu'à l'image de sa pochette, il présente plusieurs visages. Au départ, on ne sait pas trop si cette pensée est influencée ou non par la composition du groupe, mais on a un peu l'impression avec Barcode d'entendre une chanson des Arctic Monkeys avec plus d'électronique, mais rapidement les couplets rappés prennent le dessus, et ce son Hip Hop plus dense, dominera le disque, bien qu'on y décèle une instrumentation à base de guitare basse et batterie bien plus classique en arrière plan. A vrai dire il n'y a que Alphabet Assassin sur laquelle, on a plus rien, ni de cette instrumentation, ni de ces refrains quelque peu lunaires que l'on trouve sur Hit From The Morning Sun, Lies ou bien All Your Ever Afters, refrains qui évoqueraient presque Gorillaz, si on était pas à 100 lieues de l'aspect "groupe vaguement gag, jouant autant sur l'imagerie que sur la musique". A la manière de la majorité des albums rap, et malheureusement d'une très faible minorité d'album plus rock, les intermèdes instrumentaux ne sont pas négligés avec Off The Leash et d'une certaine manière Better Than Heavy, le morceau qui part dans tous les sens à l'image de l'album (je sais, c'est hyper facile de dire que le morceau éponyme est à l'image de l'album). Enfin, le groupe sait aussi se faire bien plus hargneux, avec un Act Like That ou un Better Them Than Us, qui n'est pas sans rappeler le "nous contre eux" de certains de nos rappeurs hexagonaux, en même temps je trouve à ce morceau quelque chose de presque dansant, il y'aurait quasiment de quoi en faire un hymne.
On tient donc là un album qui, si on fait l'effort de rentrer dedans, est loin d'être le moins bon d'une année déjà très bien fournie (alors qu'on en est pas encore à la moitié).

Dans un monde idéal, plusieurs autres bons albums du groupe nous attendraient, les Arctic Monkeys s'arrêteraient et Alex Turner se consacrerait uniquement aux Last Shadow Puppets, les Babyshambles se sépareraient au profit d'une reformation des Libertines qui enverrait chier les gros chèques des festivals et le plan A pour revenir à l'esprit de leurs premières chansons, John Hassall reviendrait pour chanter Sister Sister et tout irait pour le mieux ...
Mais nous ne sommes pas dans le monde idéal, et les side projects qui durent sont les Raconteurs dont chaque album nous désole un peu plus quand on sait que Jack White peut faire bien mieux. Better Than Heavy restera donc probablement le seul album de Mongrel, ce qui semble une bonne raison de plus de ne pas passer à côté.