dimanche 23 janvier 2011

I Will Assume Cheese


J'ai toujours été nul en gymnastique, dès la maternelle, mon absence quasi-totale de souplesse m'a toujours mis à l'écart de bons nombres d'exercices. Je pense qu'il est donc inutile de préciser que je n'ai jamais su faire le grand écart. Alors quand l'occasion se présente de s'adonner à un "grand écart concertistique", je ne manque pas l'occasion. C'est pourquoi j'ai été voir à 3 jours d'intervalle Joanna Newsom et les Klaxons.
Seulement je ne pensais pas que l'écart en qualité serait si grand.


Je vais commencer par Joanna Newsom, salle Paul Fort, je savais que ça risquait d'être un "concert de vieux", en effet, quand j'arrive un peu en retard (mais avec une excuse : les concerts à 19h parce que c'est dimanche, ça reste beaucoup trop tôt) et une dame m'accueille avec sa lampe de poche pour me placer. Ce retard me fait donc louper une bonne partie du concert d'Alasdair Roberts, écossais avec une très belle voix mais dont l'absence totale de communication avec le public rend le concert quelque peu plan-plan. Il terminera son concert a capella pour nous prouver (si il devait encore le faire) que sa voix est magnifique et touchante.

En comparaison, Joanna Newsom fait chargée de communication, elle parle beaucoup, nous explique qu'elle boit de la réglisse parce qu'elle a "cassé sa voix" la veille, le tout dans un français approximatif mais charmant, plus tard elle nous demande qu'est ce qui rend Nantes célèbre, n'entendant parler que de l'éléphant (I think you say l'éléphant), elle décidera que c'est le fromage.
Et ses interventions ont quelque-chose d'indispensable, car c'est le genre de concert dans lequel il n'est pas facile de "rentrer", mais une fois qu'on est dedans, on est tellement emportés par la grâce que sans les pauses bienvenues, on perdrait totalement prise et il deviendrait impossible d'apprécier le reste du concert. En réalité, j'ai rarement entendu autant de ferveur dans la musique d'un artiste en "live" (seulement 2 fois : Calexico et A Silver Mt. Zion). À partir du moment où elle est passée derrière son piano pour interpréter Easy (j'ai en général plus été touché par ses titres au piano qu'à la harpe), je n'était plus vraiment ni sur mon siège ni dans la salle, donc je n'ai pas vraiment de mots à mettre dessus.
Après avoir fait se lever toute la salle, la demoiselle et son groupe (un batteur en chaussette, un tromboniste qui passe son temps à frapper dans ses mains, 2 violonistes qui sont aussi choristes et un guitariste/banjoïste/mandoliniste/tout ce qui a des cordiste, tous semblant prêts à presque tout pour soutenir Joanna Newsom) reviennent pour un rappel qui nous permettra de constater que ce qu'elle nous disait sur sa gorge, c'était pas du foin, elle s'excuse pleine de sincérité de ne pas pouvoir chanter le morceau qu'on lui réclame, et on sent bien qu'elle pousse sa voix jusqu'au limites pour terminer ce rappel.
C'est le genre de concert où, quand on en sort, tout paraît beau, même le bruit du moteur de la clio que te ramène à la maison.


Après mon introduction, tu t'imagines bien que je risque d'être moins tendre en parlant du concert des Klaxons et Is Tropical le mercredi suivant.
J'avais un peu peur à la base, car je m'attendais à un public très jeune et très "m'a-tu-vu" comme sur mes concerts précédents à l'Olympic, au final, ils n'étaient pas si nombreux, et surtout ils étaient très peu à s'être déguisés comme si ils étaient en 2007.

Is Tropical en première partie, vu de loin le groupe fait penser à un trio composé de 2 enfants illégitimes des ZZ Top accompagné à la batterie du chaînon manquant cher à Darwin. Vu de moins loin c'est juste des mecs avec des foulards sur la gueule.
Musicalement, je suis moyennement convaincu, et puis un de leurs titres m'a tellement fait penser à une parodie de The Look Of Love d'ABC que j'ai eu du mal à me concentrer sur la fin de leur concert (mais c'est mon côté vieux con).

Ensuite, les Klaxons ont certes ajouté Anthony Rossomando (Dirty Pretty Things) sur certaines photos de promo, mais ils le laissent caché derrière pendant tout le concert, peut-être qu'il attirerait trop l'attention autrement.
Ils commencent le concert sans faire de chichis avec un imparable enchaînement Atlantis To Interzone/Flashover, enfin, imparable sur le papier, donc si le groupe n'avait pas laissé sa motivation avec ses cachets d'ecstasy dans les loges. Ça sonne lent et balourd, et ça sera comme ça pendant les 4 chansons qui suivent, jusqu'à ce que le groupe joue Golden Skanks, là ils donnent enfin l'impression d'avoir un peu d'envie (ce qui est plutôt surprenant d'ailleurs, généralement les groupes sont plutôt blasés par les gros tubes qu'on leur réclame à chaque fois). Je commence à reprendre espoir, mais hélas, milles fois hélas, c'est le moment qu'ils choisissent pour jouer Twin Flames, qui est une de mes chansons favorites de Surfing The Void, sauf que là, Jamie Reynolds (qui est déjà assez énervant par son attitude depuis de le début du concert : réclamer des réactions du public, c'est bien, les mériter c'est mieux) réussit l'exploit de transformer le titre en horreur à lui tout seul : sa voix est vraiment affreuse et à partir de là, pour apprécier le concert, il faut réussir à faire abstraction de sa voix (ouais, réussir à oublier la voix du lead singer dans un concert, un jeu d'enfant) ou alors que le groupe joue des titres qui ne nécessitent pas de savoir vraiment chanter comme Magick ou Echoes, c'est d'ailleurs ce dernier qui clôturera le concert, avant un rappel que le groupe aura la sagesse de conclure par un It's Not Over Yet chanté par James Righton, autant nous laisser sur une impression pas trop mauvaise. Bon, comme d'habitude maintenant à l'Olympic, la scène est envahie sur le rappel, mais ça vaut même plus la peine d'être souligné tellement c'est la routine (personnellement, je serais monté, j'aurais frappé Jamie Reynolds pour s'être comporté de manière aussi prétentieuse tout en chantant aussi mal, mais je devais vraiment être le seul à me rendre compte que c'était de la merde, puisque personne ne l'a fait).

Le vieux con qui pense que c'était mieux avant (non mais c'est vrai, les Klaxons c'était vachement mieux en 2007) te remercie de ta lecture et te dis à bientot.

mardi 11 janvier 2011

Teen Age Ziggy

Ça commence à faire un petit moment que je n'ai pas pondu un article qui ne soit pas une review, la réalité c'est que ces derniers temps, à part des disques des années 80 dont j'aurais eu plus moins honte à une époque, et la discographie de Syd Barrett, il n'y a pas grand chose qui me marque vraiment musicalement.

J'envisageais de faire une compilation de mes chansons de l'année comme en 2008, mais d'une part j'ai vraiment du mal à établir une liste pour l'instant, d'autre part, la moitié des chansons que j'ai pour le moment envie de mettre a une durée qui flirte avec les 10 minutes, donc si c'est pour faire une compilation d'une quinzaine de titres qui au final dure 2 heures, c'est pas la peine. En attendant, tu vas avoir droit à un article-clips, ma spécialité quand je n'ai pas trop d'idées.

L'inspiration de tout ça, c'est qu'en me baladant dans les magasins plus ou moins au hasard, je suis tombé sur le dernier bouquin de Philippe Manœuvre consacré aux 100 et quelques plus grands disques du rock français. Il faut savoir que je suis possesseur d'un exemplaire dédicacé de sa discothèque idéale, il l'avait présenté à la Fnac de Nantes, et vu que ce jour là j'avais fait ma JAPD et que tous mes potes étaient passés aux infos (nationales) dans le cadre du blocus de mon lycée, j'avais eu besoin de rattraper un peu ma journée, et ça m'avait semblé un bon moyen. Et au final, ce livre avait quand même eu une importance dans ma "construction musicale" et me faisant découvrir des disques vraiment bons et en étant un point de départ à l'élargissement de ma culture musicale.
Pour le dernier, je l'ai juste feuilleté et on a quand même parfois l'impression qu'il cherche à combler des trous, avec certains disques dont on peut vraiment se demander la raison de la présence, MAIS, car il y a un MAIS qui à lui tout seul donne un intérêt au livre (bon, y en a aussi quelques autres à côté) : on y trouve l'album Formidable de Oui Oui, excellent groupe de la fin des années 80 (au passage, ne vas pas penser que j'ai honteusement omis le nom du disque, c'est Formidable, c'est tout) et tout à fait différent d'à peu près tout ce qui s'est jamais fait en France : ici, les textes sont en français mais le sens importe peu, en fait non, le sens n'importe pas du tout, mais peu importe puisque la musique est là. Toujours est-il qu'à cette époque les gens ont préféré écouter Noir Désir, du coup, devine qui a ressorti ce groupe de derrière les fagots avec l'arrivée de l'internet, je te le donne en milles : des anglo-saxons. Sans développer de complexe d'infériorité, il faut avouer que du point de vue musical, on est tellement à la masse qu'on est incapables de déceler la qualité (le soin constant apporté à la variété renouvelée, tout ça tout ça) chez nous.
Je vais arrêter là le pamphlet et passer au clip des Cailloux, extrait de Chacun tout le monde, leur premier album. Ce clip a été réalisé par leur batteur mais ne te dis pas trop vite "bordel, ils nous les brisent ces groupes alternatifs des années 80 qui refusent même un réalisateur digne de ce nom pour leur clip parce que c'est pas DIY", parce que ce batteur s'appelait Michel Gondry.



Pour la suite, je vais continuer à parler de mes premières années en rock et en roll. J'ai déjà du dire que les Libertines avaient été un peu fondamentaux dans ma fameuse "construction musicale", sauf que le jour où j'avais acheté leur deuxième album, j'avais aussi acheté le premier album des Déportivo, à l'époque, du rock français qui a pas mal à voir avec celui que je critique facilement aujourd'hui, sauf que contrairement à la majorité des représentants de ce style, ils ont réussi à évoluer, déjà leur deuxième album produit par Gordon Raphael (à qui on doit notamment les 2 premiers Strokes, pas totalement un branleur donc) offrait un son bien plus clair et travaillé. Bon, en réécoutant ces 2 disques dernièrement, je me disais quand même que si ils en faisaient un prochain, ça serait sans moi, mais c'était sans compter sur une évolution continuelle du groupe : avec Ivres & Débutants, on a droit à une guitare utilisée plus intelligemment et à des incursions de clavier de très bon ton. Les Dép' continuent donc d'évoluer avec leur public, et ça, c'est admirable.



Enfin, pour ce dernier clip, je dois te l'avouer : j'ai honte, très honte. Oui, honte de ma tricherie, car en réalité, Les Enfants du Paradis de World's End Girlfriend n'a de français que son titre, en même temps un instrumental peut difficilement avoir des paroles dans quelque langue que ce soit.
Cependant, Katsuhiko Maeda, membre unique du groupe, étant japonais, il ne fait pas vraiment partie de la scène française.
Enfin, cette chanson est méchamment géniale, ce qui excuse ma tricherie. Seven Idiots, l'album dont elle est extraite, est de ces disques qui ne ressemblent à rien de déjà entendu, c'est mon gros coup de cœur de la fin d'année 2010, ça va faire 3 mois que j'ai commencé à écrire un article sur ce disque, mais je ne l'ai jamais fini, il te faudra donc te contenter du clip.