lundi 23 janvier 2012

I Fought In A War



Avant un vrai retour aux affaires que j'ai déjà plus ou moins rédigé, un article plus "rapide".

Bon en fait ces derniers temps j'ai connu à la suite des problèmes avec internet et des problèmes avec mon ordinateur (j'ai notamment perdu le plus gros de mes dizaines de Go de musique soigneusement rassemblés ces dernières années) qui m'ont maintenu éloigné de tout ce qui a trait au bloguesque. Et puis je dois avouer que même avant ces problèmes il n'y avait pas grand chose qui me bottait suffisamment pour me donner envie d'écrire dessus.

Ça m'a amené pas mal à réfléchir sur le bombardement de nouveautés qu'on s'inflige, et il se trouve qu'avec les événements actuels tout le monde tend à avoir les mêmes problèmes que moi vu qu'un certain nombres d'hébergeurs de direct download sont menacés.
Au fond est-ce qu'en voulant coller autant à la nouveauté on ne passe pas à côté de tout ?
Je me suis mis à sérieusement suivre tout ce qui est leak depuis environ 2009, je ne saurais dire combien de disques j'ai écoutés sur cette période (et je ne peux pas essayer de les compter, vu l'état de mon disque dur). Mais si sur tous ces disques, il y en avait un sur quatre que j'ai retenu, ça serait déjà beaucoup. Et les trois autres qui ne me reviennent pas, est-ce qu'ils sont moins bons ? Pas forcément, pour preuve en récupérant ce que je pouvais des fichiers de mon disque dur, un bon nombre de chansons sont sorties juste avec un numéro ne permettant aucune identification, et sur celles-ci il y en a plusieurs que j'ai vraiment aimé sans être capable de me souvenir de les avoir déjà écouté, alors que c'est forcément le cas, puisque je ne dézippe pas les disques avant de les écouter.
En gros j'écoute un maximum de disques pour être sur de ne pas louper le meilleur, sauf qu'au final je ne profite pas vraiment de ce que j'écoute, et en plus, j'arrive quand même à passer à côté de disques qui me plaisent. Et encore de ce point de vue là je m'estime plutôt chanceux puisque je me tiens relativement éloigné des blogs et que du coup je n'écoute pas le dixième de ce qu'ils proposent.



Je ne dis pas que je suis pour les fermetures des sites de direct download. Je suis de toute façon très attaché à la manière de faire les choses (déjà quand j'étais lycéen j'avais manifesté contre le CPE sans avoir lu le texte, juste parce que l'utilisation de l'article 49.3 me dérangeait sur le principe). Mais on pourrait aussi y voir la chance de faire plus attention aux choses; et j'ai appliqué mon discours à la musique mais je pense que ça peut aussi s'appliquer aux séries. J'ai beau ne pas en regarder, je me rappelle qu'à une époque, on regardait juste Pokémon et le cliffhanger de l'épisode à Cramois'île (celui ou Pikachu était accroché au bord d'un rocher, près à tomber dans la lave), ça suffisait à nous tenir en haleine pendant un moment, alors qu'aujourd'hui on ressent le besoin de suivre 15 séries en même temps pour avoir sa dose, et la manière dont on les regarde fait qu'on pourrait lire le script seulement pour savoir ce qu'il se passe, que ça serait suffisant.

En gros, j'ai beau être totalement contre les suppressions arbitraires des sites d'hébergement, je ne peux m'empêcher d'y voir un mal pour un bien tant la facilité d'accès aux contenus nous conduisait à notre abrutissement, il existera toujours des sites pour télécharger, on aura juste plus de mal à trouver ce qu'on veut, ce qui fait qu'on ne cherchera plus que ce qu'on veut vraiment.



Et j'en arrive là où je voulais (de toute façon ma mauvaise foi m'amène toujours à parler de ce que je veux avec des liens capillotractés) puisqu'avec cette offre de téléchargement restreinte que je me suis à moitié imposé (à un moment j'envisageais de ne pas écouter un seul nouveau disque cette année justement pour re-prêter attention à tous ces disques loupés quelque part dans mon disque dur, et puis je me suis souvenu qu'Animal Collective avaient un disque de prévu en 2012), je me retrouve à devoir écouter plus attentivement les nouveaux disques, surtout que je ne peux pas actuellement les écouter avec mon propre ordinateur. Les claques sont d'autant plus grandes.

Je viens d'écouter le dernier Xiu Xiu et le disque est vraiment impressionnant : au niveau de la production, c'est digne du dernier Coldplay : des sons accrocheurs, une densité enveloppante, des détails mais pas de superflu. Comme on dit par chez moi, c'est fat. Mais le talent de Jamie Stewart, c'est de réussir à court-circuiter violemment là chose, comme il le fait sur sa reprise de Rihanna que j'avais déjà évoquée.
Avec Hi, on entend un tube radiophonique saupoudré de suffisamment de paranoïa pour n'avoir aucune chance de passer un joue en radio, même si il est composé de la manière la plus putassière possible. La paranoïa c'est ce qui vient à l'esprit sur à peu près tout l'album, comme d'habitude avec Xiu Xiu : on se sent dérangés alors qu'en écoutant bien l'album, on se dit qu'il n'y a aucune raison rationnelle à ça. Et vu qu'on cherche généralement à critiquer la musique sur ce qu'on arrive à rationaliser, on est à peu près certain de se casser les dents avec un disque de Xiu Xiu, et ça Jamie Stewart semble l'avoir compris donc fait tout pour nous désarçonner encore plus. Enchainer une chanson une chanson toute douce en duo féminin-masculin parlant d'allaitement avec un titre abrupt au possible intitulé I Luv Abortion, si ce n'est pas dire à l'auditeur qu'il ne va pas s'en sortir si facilement que ça ...

Écouter Xiu Xiu en 2012, c'est se poser contre l'absurdité de la facilité qui a fini par nous sembler normale.