mardi 26 mars 2013

Un disque qui dit "allez tous vous faire foutre"


Pour peu que tu me lises depuis un certain temps, je pense que je ne t'apprendrais rien en te disant que les Strokes sont un de mes sujets de prédilection.

Rien d'étonnant donc, à ce qu'avec la sortie de Comedown Machine je revienne à la charge.

Cet album est de loin le plus intéressant du groupe, puisque c'est le premier à faire réellement débat. Si les 3 premiers avaient plus ou moins fait l'unanimité, pas toujours pour les bonnes raisons, une sorte de consensus mou s'était dégagé autour d'Angles. Ici il n'en est rien : il va peut-être enfin y avoir de la vraie bagarre !

Comme pour Angles, la comparaison avec les 3 premiers disques n'a aucun sens, mais là où le disque se différencie de son prédécesseur, c'est que si ce dernier semblait accidentel, Comedown Machine est totalement assumé.
On est en 2013, 12 ans après 2001 (j'ai fait des études scientifiques), et les Strokes nous disent enfin : "Nous ne sommes plus le groupe du retour du rock, et peut-être qu'on ne l'a jamais été. Alors écoutez ce disque, ou ne l'écoutez pas, mais foutez-nous la paix !", à des kilomètres de l’exaspérant : "On est désolés, on ne sait plus trop qui on est."  d'Angles.
Si il fallait utiliser un seul mot pour résumer cet album, ce serait donc assumé. On peut ne pas apprécier l'évolution vocale de Julian ou encore son goût de plus en plus prononcé pour les claviers dégueulasses, mais au moins, on sent que le groupe n'essaye pas de nous faire croire que non, rien n'a changé comme sur Undercover of Darkness. Cette fois-ci, le premier extrait ne laissait aucun doute : aucune brigade du bon goût n'allait les dicter pour les empêcher de (exemple pris totalement au hasard) prendre une sonnerie de Nokia et en faire une ligne de clavier. Le pire c'est qu'aussi atroce a pu paraître One Way Trigger quand il est apparu, il s'avère qu'une fois placé dans le contexte de l'album, il devient presque appréciable. Dans un sens c'est peut-être le premier album des Strokes qui soit autant un album : pris individuellement, la majorité des titres passerait plutôt mal alors que l'album en entier est suffisamment cohérent pour se laisser écouter sans problèmes, et ce, sans rien sacrifier sur l'autel de la diversité. Et ça, on peut ne plus aimer le groupe, il est difficile d'affirmer que de ce point de vue là l'album n'est pas réussi.

Comme à chaque fois avec les Strokes, on ne tient ni l'album de l'année, encore moins celui de la décennie (oui, parce qu'à un moment il va falloir arrêter de sur-évaluer Is This It ? pour dévaluer tout ce que le groupe a fait après), mais il serait de mauvaise foi de parler de raté sur toute la ligne : un disque qui dit aussi remarquablement "allez tous vous faire foutre" est tout sauf raté.

dimanche 10 mars 2013

You'll never be 19 again


Dans ma dernière revue de concert, ce que j'évoquais, outre le fait que je n'aimais définitivement pas l'évolution de la carrière d'Eugene McGuinness, c'était aussi que parfois, on se dit qu'on ne voit pas forcément les concerts au bon moment : on aurait sûrement plus apprécié de voir tel groupe au moment de son premier album, ou encore on aime mieux les versions retravaillée de certaines chansons, qu'on n'a malheureusement pu voir qu'en vidéo.

Une solution efficace pour s'épargner ces éventuels regrets, c'est d'aller voir Pete Doherty. Ce que j'ai fait ce samedi, après quelques hésitations, c'est finalement le "OK, son album solo ne t'a absolument pas convaincu, mais pense au toi d'il y a 5 ans qui avait planifié un aller-retour Nantes-Paris pour aller le voir, mais qui avait été déçu de l'annulation. Et puis entre nous, hier soir tu as failli te faire renverser par une voiture, et casser la gueule 2 fois, c'est peut-être pas plus mal si tu t'éloignes un peu de Montpellier aujourd'hui" (oui, j'ai en général des pensées simples et claires).

Comme j'aime bien parler salles, je vais commencer avec Paloma, puisque pour le coup c'était la chose la plus récente de la soirée. Sa disposition est un peu surprenante puisqu'elle paraît plus large que longue. Le son était relativement moyen, je ne sais pas si c'était du à un travail passable des ingé son ou à du matériel de piètre qualité (on pouvait entendre les amplis siffler entre les chansons), cela dit l'ambiance est chaleureuse, et donne envie de rester pour un peu plus longtemps que le concert puisqu'on peut manger et le bar extérieur séparé de la salle n'est pas sans rappeler le concept du "bar du bas" du toujours regretté Olympic.

Une fois n'est pas coutume je passerais en vitesse sur l’embarrassante première partie : The Circles. Pas très originaux, pas assez concis dans leurs compositions et pas du tout à l'aise.

L'installation scène de Pete Doherty est impressionnante : un micro, une guitare, deux amplis ... deux bouteilles de vin rouge et quatre canettes de bière.
Premier fait marquant. Il ne fait pas vraiment ses 33 ans, il a encore la même tête qu'au début des années 2000, et les mêmes chansons aussi, puisqu'il commence avec What A Waster, en fait, le concert est plutôt bien adapté pour quiconque n'a pas trop suivi l'actualité du bonhomme depuis disons ... 5 ou 6 ans, il faut attendre le sixième titre du set pour entendre une chanson écrite il y a moins de 10 ans, qui sera d'ailleurs le seul nouveau titre qu'on entendra, le second plus récent étant A Fool There Was (qui remonte tout de même à 2007).
Apport notable à noter toutefois, la violoniste à l'air prépubère dont le jeu apporte beaucoup, autant sur les titres ou il est évident (Music When The Lights Go Out) que sur ceux où on l'attend beaucoup moins (Fuck Forever). Deux danseuses interviennent aussi sur For Lovers et Last of the English Roses, qui permet de voir que le public du gars a changé, puisqu'il réagit plus sur ce morceau qu'à Time for Heroes ou Can't Stand Me Now.

Au final malgré les 2-3 problèmes de son évoqués, on passe un bon moment, mais il est tout de même extrêmement dommage qu'il n'y ait presque aucune volonté de nous présenter du nouveau, surtout venant d'un type dont des concerts ou des sessions truffés d'inédits apparaissaient encore régulièrement sur la toile il n'y a pas si longtemps. Là, on a l'impression de voir un artiste retraité, qui ne s'aventure pas à jouer autre chose que ses anciens succès : bien triste pour quelqu'un qui aura 34 ans dans 2 jours.

vendredi 8 mars 2013

Un truc pompeux, mais pas de guignol


Écouter Soap & Skin, c'est un peu comme être amoureux de quelqu'un qui te fait du mal. Sans que tu puisses expliquer pourquoi, tu retournes toujours prendre des claques.
J'ai fait de ses albums mes préférés pour les lendemains de cuite : ils font tellement de mal sur le moment, qu'on en arrive à se sentir lucide, et même plutôt bien.

Elle donne de ses nouvelles dernièrement avec un Sugarbread, EP 3 titres à la pochette floue.

Encore une fois on en prend plein la tronche d'entrée, avec une introduction qui n'est que noirceur et cris, qui se mélangent à une boîte à rythme et à des chœurs macabres, c'est on ne peut plus prenant. Tellement prenant que Anja Plaschg n'a pas besoin de poser sa voix en réverbération plus que quelques instants, se contentant juste de nous prouver par suggestion que le morceau est bien son œuvre. Simple et brillant.

On reste dans les ambiances sombres sur les 2 autres titres, avec toutefois plus de voix, dont on apprécie toujours la puissance, mais surtout la capacité à s'adapter à des arrières plans musicaux extrêmement divers : aussi bien orchestraux que synthétiques.
Il faut un certain talent pour réussir ce mélange entre électronique agressive et classicisme pompeux, il en faut d'autant plus pour rester cohérent par dessus celui-ci ; il ne s'agit pas seulement réussir la mayonnaise, encore faut-il la marier avec un plat de qualité.

Une fois de plus, la musique de Soap & Skin donne à goûter une puissance rarement vue sur ses latitudes depuis la disparition de l'empire austro-hongrois.